Démantèlement d’EDF : L’opération Barkhane restera en charge de l’approvisionnement en uranium des centrales nucléaires
Depuis plusieurs mois, les salariés d’EDF sont vent debout contre ce que la direction appelle le “projet Hercule”, c’est-à-dire le démantèlement de l’entreprise publique en différentes entités : EDF Vert pour les énergies renouvelables (solaire, éolien, etc…), Azur pour l’hydroélectricité (les barrages) et Bleu pour le nucléaire. Selon Jean-Bernard Lévy, le président du groupe, l’armée française restera en charge de l’approvisionnement en uranium de cette dernière.
“Il est important de sécuriser notre souveraineté énergétique”
C’est ce qu’affirme la direction d’EDF. “Nous sommes l’un des pays les mieux armés pour faire face à la transition énergétique, avec nos barrages, nos centrales nucléaires et nos parcs éoliens et photovoltaïques. La France a la chance d’avoir tout ce qu’il faut pour produire de l’électricité renouvelable et pas chère : des cours d’eau, du vent, du soleil et des réacteurs EPR. Et il est important de nous assurer que ce leadership ne se retrouve pas menacé, dans un avenir plus ou moins proche”.
Quand on demande à Lévy si la filière nucléaire ne serait pas justement un danger en terme de souveraineté puisque la France ne possède pas de réserves d’uranium (indispensable pour produire de l’électricité par fusion atomique), il nous a répondu : “Et les mines d’uranium du Mali, du Tchad et du Niger? Vous allez me dire que ce n’est pas chez nous peut-être?“. Ne voulant pas être accusés de faire le jeu des dangereux terroristes que combat l’opération Barkhane dans le Sahel nous avons abondé dans son sens.
Le Ministère des Armées était déjà au conseil d’administration d’EDF et d’Areva depuis quelque temps
Nous avons également appris que les liens entre l’entreprise productrice d’électricité et l’armée française ne datait pas d’hier. Depuis des années, le (ou la) ministre faisait déjà partie du conseil d’administration d’EDF, ainsi que du directoire d’Areva. Les présidents de Dassault et d’Eurocopter avaient également chacun un siège, représentant le complexe militaro-industriel.
Bref, ces nouvelles révélations risquent de ne pas calmer les ardeurs des syndicats au sein de l’entreprise publique. Sur la plupart des sites d’Electricité de France, les grèves s’enchaînent, pour protester contre ce projet “Hercule”. Ce démantèlement annoncé a mis le feu au poudre à des salariés déjà très enclins à devenir grévistes. Cela fait déjà des années que les “gilets bleus” montrent en effet une certaine appétence pour le droit de grève. La centrale du Tricastin, dans la Drôme, a par exemple subi de nombreux mouvements sociaux ces dernières années.