Aide alimentaire : Uber Eats proposera bientôt la livraison dans le Grand Paris
L’augmentation de la précarité liée à la Covid-19 a entrainé une hausse des demandes pour l’aide alimentaire. Vous avez sans doute vu cette incommensurable file d’attente d’étudiants devant la distribution de paniers-repas à Paris. Cette misère a attisé l’appétit des entreprises de livraison, qui voit ici un nouveau marché. Uber Eats espère bien damer le pion à son concurrent Deliveroo en proposant la livraison de l’aide alimentaire dans le Grand Paris d’ici la semaine prochaine.
“Ce n’est pas parce que des gens ont faim qu’il n’y a pas un petit billet à se faire”
Le porte-parole d’Uber Eats en France se défend de tout opportunisme. “Nous n’instrumentalisons pas la misère des pauvres. Au contraire, nous voulons leur éviter de faire la queue pendant de longues heures sous la pluie ou dans le froid. Nous ne faisons pas ça pour l’argent. Nous allons d’ailleurs proposer la livraison bien moins chère que pour nos services plus classiques”.
Si la filiale de livraison de l’entreprise de chauffeur Uber n’a pas souhaité communiquer ses tarifs, elle nous a cependant distillé certains détails. La livraison des paniers-repas de l’aide alimentaire se fera d’abord dans les 20 arrondissements de la Capitale, avant de s’étendre rapidement à certaines communes de la petite couronne : Levallois-Perret, Saint-Denis, Aubervilliers, Pantin ou encore Ivry-sur-Seine. Il reste à régler l’embauche de 80 livreurs supplémentaires. “Avec le nombre de chômeurs sans droits, trouver des gens prêts à travailler pour 3 euros de l’heure devrait ne pas être bien compliqué” s’est montré confiant le patron d’Uber Eats.
Les Restos du Coeur et Emmaüs crient à la concurrence déloyale
L’arrivée de l’entreprise américaine dans la distribution de paniers-repas aux plus démunis n’enchante pas tout le monde. Les associations créées par Coluche et l’Abbé Pierre ont peur de se faire “disrupter” par ce nouvel acteur. Ils craignent que leurs bénévoles ne puissent lutter à armes égales contre leur armée de sans-papiers à vélo.
Le trésorier des Restos du Coeur nous a confié son ras-le-bol face à ces sociétés américaines qui viennent piquer des parts de marchés aux entreprises françaises. Le directeur régional d’Emmaüs Ile-de-France a rapidement appuyé ces propos, évoquant une concurrence déloyale : “Aujourd’hui, c’est Uber. Et demain, ce sera qui? Amazon?”.