Le Conseil d’État condamne le maire de Langouet pour avoir un jour parlé breton à la boulangerie du village
“Kenavo”. C’est par ce simple mot que Daniel Cueff, le maire de Langouët s’est à nouveau mis hors-la-loi, quelques semaines après avoir interdit les pesticides sur sa commune (une décision depuis annulée par la préfecture, puis par le tribunal). Cette fois-ci, c’est le Conseil d’État, l’organe suprême, qui a condamné l’élu à payer une amende pour avoir parler en patois, un matin pluvieux de 2017.
Et encore, il a eu de la chance de parler breton et non gallo
Vous ne le savez peut-être pas mais la Bretagne comporte deux langues régionales : le breton, d’origine celtique et parlée dans l’ouest (le Finistère et les parties occidentales des Côtes d’Armor et du Morbihan), et le gallo, une langue romane plus proche du français et utilisée notamment dans l’Ille-et-Vilaine, le département dans lequel se trouve Langouet.
En temps que bon breton, le maire du village sait parler les deux langues. Et comme il est un régionaliste convaincu, il aime jongler de l’une à l’autre de temps en temps lorsqu’il s’adresse aux plus vieux (les jeunes ne parlent plus de langues régionales). Une digression qui, selon le jugement rendu, va lui coûter 1 700 euros d’amende pour troubles à l’ordre public.
L’identité régionale, c’est l’affirmation d’un élan factieux et réactionnaire, loin de l’idéal jacobin de Robespierre!
Par l’intermédiaire du Conseil d’État, le pouvoir jacobin, héritage des Lumières et de la Révolution Française, essaye de taper fort : il espère ainsi tuer les velléités régionalistes des provinces, par peur que les aspirations d’émancipation des catalans ne fassent des petits et donnent des idées à nos régions. Sans compter que les ronds-points sont encore en ébullition. Mieux vaut donc ne pas mettre le feu aux poudres…
Mais au delà de menacer l’intégrité et la cohésion du territoire français, affirmer son identité régionale – que l’on soit Breton, Corse, Savoyard, Alsacien ou Guadeloupéen – menace la toute puissance de nos élites parisiennes. Comme le Président l’a affirmé dans Valeurs Actuelles : “se prétendre régionaliste, c’est faire preuve de communautarisme, un peu comme porter le voile ou la barbe. (…) Les régionalistes, c’est encore pire que l’extrême-droite!“.