FREXIT : Lassés d’être oubliés par Paris, des régions de Province et des DOM-TOM demandent à quitter la France

Les gilets jaunes n’est pas le seul mouvement de contestation qui tend à faire exister la France des régions aux yeux de Paris, symbole de la France très centralisatrice. Las de ne pas se sentir respectés par l’Etat, des territoires ont demandé à quitter la République Française, en Province (Savoie, Bretagne), mais aussi dans les DOM-TOM (Saint-Pierre-et-Miquelon). Un mouvement sans précédent que les spécialistes ont déjà qualifié de FREXIT (France + Exit, en référence au BREXIT, qui a vu le Royaume-Uni quitter l’Union Européenne).

Les départements de Savoie et Haute-Savoie demandent leur rattachement à la Suisse

Récemment, l’ancien Ministre de l’Agriculture et de l’Economie Hervé Gaymard, aujourd’hui Président du Conseil Départemental de Savoie (73), a remis sur le devant de la scène un projet de fusion des départements de Savoie et Haute-Savoie pour créer une Région de Savoie. Cette idée est largement soutenue localement, notamment par des partis ou mouvements politiques comme Mouvement Région Savoie (MRS).

Mais, depuis quelques jours, c’est un projet bien plus ambitieux qui a vu le jour au sein des savoyards et haut-savoyards : la Savoie unifiée (départements 73 et 74) souhaiterait en fait non pas devenir une région française mais un canton suisse. En effet, pour un partisan de cette idée, que nous avons joint par téléphone, cette démarche est tout-à-fait logique car « la Suisse est un pays de montagnards, qui comprendrait mieux nos réalités que la France, qui est un pays de plaines. Et puis, en plus, on a déjà le même drapeau« . Quand on lui demande les raisons qui pousseraient les Savoyards à vouloir quitter la République Française, il répond qu’il a le sentiment que « les francais ne nous respectent pas : pour eux, on ne représente que des pistes de ski. Ils pensent qu’ils peuvent venir chez nous skier en jeans ou monter au sommet du Mont Blanc en tongs, et nous laisser leurs mégots de cigarettes ou leur paquets de chips vides« . Un autre savoyard nous a également donné l’explication suivante : « De toute façon, on ne peut pas faire confiance à des gens qui ne savent pas faire la différence entre le Beaufort et le Comté. Déjà que confondre le Genepi et la Charteuse, c’est limite…  »

Un historien de l’Université des Pays de Savoie, à Chambéry, nous a donné une raison historique à ce rejet de la République : « La Savoie n’est française que depuis 1860, et cela s’est fait au prix d’une annexion en pure et due forme par la France. On est un peuple à part entière avec notre propre langue, l’arpitan (ou francoprovençal). Il était donc temps qu’on demande enfin à pouvoir exister. » 

Les Départements de Savoie et Hautes-Savoie ont demandé à intégrer la Confédération Suisse

La Bretagne souhaite devenir un Département d’Outre Mer de la Grande-Bretagne

Vous vous souvenez des bonnets rouges ? Bien avant les gilets jaunes, ces bretons manifestaient déjà leurs mécontentement contre la République Française. Il semble que, ces derniers jours, les frondeurs bretons ont repris du service et demandent désormais leur rattachement à la Grande-Bretagne. Régis, un habitant de Brest, qui a accepté de s’entretenir avec nous de cette « gronde bretonne » nous en explique les raisons : « Cela fait des années que les populistes, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, nous expliquent que le problème vient de l’Europe. Mais en lisant leur programme, on a constaté qu’ils ne souhaitaient pas prendre le pouvoir de Bruxelles pour nous le redonner à nous, à Brest, à Quimper, à Lorient ou à Rennes, mais qu’ils voulaient simplement le transférer à Paris. C’est là qu’on s’est rendu compte que la France se comportait avec nous comme l’Europe s’est comporté avec la Grèce ou le Portugal : ils nous demandent de payer, mais quand il s’agit d’investir chez nous, il n’y a plus personne… »

Mais, comme les Savoyards qui souhaitent intégrer la Confédération Helvétique (la Suisse), la Bretons ne rêvent pas forcément d’indépendance. Si la Bretagne souhaite s’affranchir du giron français, c’est pour intégrer la Grande-Bretagne, dont elle souhaite devenir un Département d’Outre-Mer. Régis (toujours le même) nous explique ce choix surprenant : « Historiquement, nous sommes cousins : nous sommes celtes, comme les habitants du pays de Galles, d’Ecosse ou des Cornouailles, qui font partie, eux-aussi, de la Grande-Bretagne. Et puis, comme le Royaume-Uni a déjà quitté l’Union Européenne, cela nous permettra également d’en sortir ». 

Un autre breton que nous avons rencontré nous a fait part d’une autre motivation, cette fois-ci un peu plus personnelle : « Moi qui suis petit (il mesure en effet 1 mètre 58), passer d’habitants de la Bretagne à la GRANDE-Bretagne, ce serait quand même un joli pied-de-nez à la vie…« 

La Bretagne souhaite devenir un département d'outre-mer de la Grande-Bretagne

Saint-Pierre-et-Miquelon demande son rattachement au Canada

Ce petit bout de territoire francais, situé dans l’Océan Atlantique, au sud de l’archipel canadien de Terre-Neuve, a demandé à devenir la 11ème province du Canada. Cette collectivité d’outre mer, peuplée de seulement 6 200 habitants, répartis entre deux îles, se sentent « oubliés » par la République Française. En effet, il n’y a pas de liaisons régulières maritimes ou aériennes entre la France et Saint-Pierre-et-Miquelon (les résidents étant obligés de transiter par le Canada pour se rendre en métropole), et les services publics y sont de plus en plus laissés en désuétude. Mais, surtout, c’est le décalage qu’il y a entre les préoccupations de Paris et le quotidien des habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon qui inquiète ces derniers : « On nous parle d’Union Européenne, de lutter contre l’exploitation animale dans les élevages industriels, etc…, alors que nous, on est en Amérique du Nord, entre le Canada et les Etats-Unis, et les seuls animaux qu’on a, ce sont des phoques, des orques ou des lièvres arctiques« , dit l’un des Miquelonais que l’on a rencontré. Un Saint-Pierrais (habitant de l’île voisine), nous a lui aussi confié son ressentiment : « Chaque fois que je regarde le journal de France 2, je me dit que je ne vis pas dans le même pays que tous ces gens-là que je vois dans ma TV. Alors vous comprendrez que j’ai un peu les boules de payer une redevance télé pour ça« …

Justin Trudeau, le Premier Ministre du Canada, ne s’est pas encore exprimé sur cette demande formulée par Saint-Pierre-et-Miquelon. Une réaction de sa part, ou de son gouvernement, est attendue dans les prochains jours. En revanche, François Legault, le Premier Ministre du Québec, a affirmé soutenir à « 200% » cette requête, se réjouissant au passage de l’arrivée d’une nouvelle province francophone au sein du Canada. « Le statut de la langue française est menacée au sein de la Confédération (nom donnée au Canada) », a-t-il dit, « et l’entrée d’une nouvelle entité au sein de celle-ci pourrait permettre de renforcer la francophonie au niveau fédéral« .

Carte de Saint-Pierre-et-Miquelon

L’avenir dira si ces préoccupations régionalistes aboutiront. En attendant, il est bon de constater que ce début d’année 2019 est marqué par des velléités sécessionnistes des régions un peu partout dans le monde. Avant la Savoie, la Bretagne et Saint-Pierre-et-Miquelon, c’est le Donbass qui avait sécession avec l’Ukraine. En tout cas, on espère pour l’intégrité territorial de l’Hexagone que ce FREXIT ne va pas se généraliser et que l’Alsace, la Corse, la Flandre, la Guadeloupe ou la Réunion ne vont pas, eux aussi, exprimer leur volonté de quitter la France.


Résumé
FREXIT : Lassés d'être oubliés par Paris, des régions de Province et des DOM-TOM demandent à quitter la France
Titre de l'article
FREXIT : Lassés d'être oubliés par Paris, des régions de Province et des DOM-TOM demandent à quitter la France
Description
De la Savoie à la Bretagne, en passant par l'Océan Altantique (Saint-Pierre-et-Miquelon), des territoires français demandent à quitter la France, ne se sentant plus à leur place dans cet État trop centralisé. Un mouvement sans précédents que l'on peut déjà qualifier de FREXIT.
Auteur
Journal
Le Connard Enchaîné
Logo du journal

Sébastien Mayoux est le créateur du Connard Enchaîné, ainsi que son Rédacteur en Chef. Il a créé ce site pour pouvoir enfin être drôle. En effet, dans la vraie vie, ses blagues n'ont jamais fait rire personne, malgré plusieurs tentatives... Il est également l'auteur de plusieurs thrillers. Découvrez-les ici.