MEDEF : “On n’est pas contre créer de nouveaux emplois. On veut juste pas créer de salaires”
Alors que l’épidémie de Covid-19 faiblit, la crise économique qui se profile ne fait que commencer. Déjà, de nombreux Français s’enlisent dans la pauvreté. Affolé de voir les chiffres du chômage exploser, le gouvernement a pointé du doigt l’attitude du patronat, qui serait réfractaire à créer de l’emploi. Mais, pour le MEDEF, ce procès d’intention serait faux : le problème vient des salaires et non des emplois.
“Du boulot, on en a. Ce qu’il nous manque, c’est des stagiaires”
L’organisation patronale française a assuré que le problème ne venait pas du carnet de commandes des entreprises, ni de leurs perspectives de croissance. “Les gens n’ont jamais acheté autant de merdes inutiles. Et les taux d’intérêts sont tellement faibles qu’on peut emprunter à tour de bras pour financer nos produits sans valeur ajoutée et supporter leurs ventes à grands coups de publicité” a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux.
Pour le patron du Mouvement des entreprises de France (Medef) le problème vient plutôt du coût du travail en France. D’après lui, il y a beaucoup trop de charges dans l’Hexagone. “Vous savez combien ça nous coute un SMIC? Ce sont des dividendes qu’on ne verse pas à nos actionnaires. Le problème, c’est que les Français sont des fainéants. Plus personne ne veut travailler pour des indemnités de stage de 400 euros.”
“Tout ce qu’on gagne en impôts en partant au Luxembourg, on le perd en coût du travail”
Le patronat a néanmoins fait une liste de propositions qu’il a adressé à Bruno Le Maire pour changer la donne. Parmi celles-ci, on retrouve la mise en concurrence des travailleurs européens. “Produire en Pologne ou en Roumanie nous coûte moins cher. Quel intérêt pensez-vous qu’on a à garder nos usines en Moselle ou dans la Creuse? Ce dont on a besoin, ce sont des travailleurs efficaces et pas chers, afin de relancer notre productivité. C’est pourquoi on a proposé que le Maroc ou la Turquie intègre l’espace Schengen, afin que l’on puisse plus facilement embaucher leur main d’oeuvre locale.”
Selon le MEDEF, même l’optimisation fiscale n’arrive plus à rendre les entreprises françaises financièrement attractives. “C’est à la France de prendre ses responsabilités et de rompre avec sa logique syndicalo-communiste de gauche. Il faut libéraliser le marché de l’emploi pour que nous embauchions”. En soit, il s’agit d’un modèle économique vieux comme le monde : les profits engrangés par les riches actionnaires ruisselleraient ainsi jusqu’aux pauvres ouvriers et employés du bas de l’échelle.