Yannick Jadot : Monsieur Propre veut nettoyer Bruxelles avant que les calottes soient cuites
Cette semaine, intéressons-nous à Yannick Jadot, chef de file des candidats d’Europe Écologie Les Verts – EELV. Il est eurodéputé depuis 2009. À cette époque, la campagne des Verts était menée par Daniel Cohn-Bendit. Depuis, le trublion de mai 68 a poursuivi sa révolution interne en se radicalisant en farouche courtisan du macronisme. Yannick Jadot prend alors la relève avec une expérience d’une décennie au sein du parlement européen. L’écologiste n’a pas toujours été aussi pantouflard.
Avant son engagement chez les Verts, il a livré de multiples combats sur les mers du globe.
Directeur de Greenpeace France, il semait la zizanie en s’introduisant illégalement dans des bases militaires équipées de sous-marins nucléaires. Ses exploits de pirate des Caraïbes l’ont conduit jusqu’au tribunal. Le militant en profitait pour continuer son réquisitoire contre le nucléaire. Sur mer ou sur terre, la tête de liste EELV avertissait le grand public du danger du nucléaire.
Puis le guérillero de l’écologie s’est rangé. Après des années de délinquance maritime, il a travaillé l’art oratoire afin de se frayer une place dans l’arène politique. Grâce à un apprentissage intensif, Yannick est devenu un orfèvre en matière de petites phrases adressées à ses adversaires. Après avoir comparé la liste d’En Marche à une « troupe de théâtre improvisée », il tacle Glucksmann et le PS : « Nous, on ne fait pas un coup pour découvrir l’écologie au détour d’un salon. Ce sont des années d’engagement et pas une mode ou un vernis écologiste. On veut sauver le climat, pas le PS. » Le coup porté aux éléphants est rude, indigne d’un véritable écologiste… Il convient aussi de rappeler qu’en février, « Mr. Propre » n’a pas fait exception à la règle en se rendant au salon de l’agriculture de Paris. Comme la plupart des candidats, il n’a pas boudé cette étape symbolique d’une campagne politique à la française. Il a lui aussi caressé le cul des vaches en souriant devant les caméras. Jadot avait même un message à délivrer aux électeurs paysans. Il a plaidé une « Europe des Terroirs » avec ferveur. La formule a laissé perplexes les agriculteurs.Le concept de Jadot semble flou, voire antinomique. Souhaite-t-il que les cols blancs de Bruxelles vadrouillent en territoire rural, c’est à dire hostile pour le député de base ? À moins qu’il ne s’agisse d’apprendre aux députés à avoir le réflexe tupperware pour savourer et partager les produits locaux des uns et des autres ?
Les Verts sans la moustache de José Bové, c’est un peu comme des communistes rasés ou une droite athée. Pour pallier au manque de cet additif, notre candidat a débusqué un nouvel agriculteur charentais bio et moustachu pure souche. Il s’agit de Benoît Biteau, placé en 11ème position sur la liste. Autant dire que ce paysan du terroir a peu de chance de fouler le parlement européen. Tant pis pour « L’Europe des terroirs »…
Les sondages donnent 8 % d’intentions de vote aux Verts, le même chiffre que la France Insoumise.
En 2017, l’écologiste, mal inspiré, avait retiré sa candidature aux présidentielles pour rassembler la gauche et soutenir le parti socialiste de Benoît Hamon. Celui-ci a réalisé un score de 6 % et provoqué l’hilarité de ses concurrents politiques. Deux ans plus tard, Jadot a retenu la leçon. Il n’a cédé à aucune proposition de rassemblement de la gauche. Quand les journalistes le titillent pour savoir si sa liste se situe à gauche, à droite ou au centre, il répond d’un air excédé qu’il est « écologiste ». La manœuvre consiste à n’exclure aucun électeur. Surtout que les Européennes réussissent bien aux écologistes en général. Le groupe vert du parlement européen n’est pas négligeable. Notamment dans les deux pays locomotives de l’Union européenne, le couple franco-allemand.
Alors que Macron, sans doute un réflexe d’ancien banquier, désire créer une banque du climat – il y a bien une banque du sperme – Jadot demande un Green New Deal avec cent milliards d’investissements par an pour les énergies renouvelables. La somme astronomique envisagée par le candidat écologiste fait bondir la plupart des candidats. L’eurodéputé insiste également de plus en plus sur l’importance de posséder une batterie électronique 100 % européenne. Il craint la dépendance à la Chine ou aux États-Unis et réclame une souveraineté européenne en terme de production d’énergies renouvelables.