“Météo France se moque de vous” : un ex-employé sort du silence
Patrick Q. (le nom a été modifié pour protéger son anonymat) a été employé de Météo France pendant 15 ans, de 2002 à 2017. Cet ancien professeur de mathématiques au collège Michel Colucci de Bourg-lès-Champs, dans la Creuse, a été recruté comme météorologue alors qu’il cherchait à rejoindre Paris par tous les moyens. Après plusieurs demandes infructueuses de mutations en région parisienne, que l’Éducation Nationale lui refusa systématiquement, il était prêt à démissionner de son poste d’enseignant. C’est alors qu’un de ses amis, qui avait déjà franchi le pas, lui proposa un moyen de rejoindre enfin Paris, en intégrant Météo France.
C’est ainsi qu’à l’été 2002, Patrick débarqua dans la capitale. Il rangea ses habits de professeur et devint métérologue. Pour lui, c’est un nouveau départ. “Prévoir la météo était, pour moi, une manière d’aider les gens dans leur quotidien. De leur permettre de faire les bons choix pour leurs vacances ou leurs week-ends.” Mais rapidement, Patrick déchante. “Je pensais que les prévisions météo étaient une discipline scientifique. Et que j’avais été recruté pour mes facultés en mathématiques (il était titulaire d’un master). Mais, très vite, j’ai compris que les mathématiques n’allaient pas beaucoup me servir.”
Prédire la météo est impossible, chez Météo France tout le monde s’amuse de la crédulité des français
Dès son premier jour, lorsqu’il fit le tour des bureaux de Météo France pour se présenter à ses nouveaux collègues, l’un deux, Sébastien F., lui dit en rigolant : “Bienvenue chez nous. Tu verras, c’est vraiment bien d’être payé pour se foutre de la gueule du monde.” Un second rajoutera même : “Notre boulot, c’est de faire croire que le Père Noel ou la petite souris existent.”
Au début, Patrick ne comprend pas. Il est convaincu que cette nouvelle carrière qui s’offre à lui va le combler. Il se tient loin de ces collègues qu’il juge comme “nocifs” et suit avec application la formation dispensée aux nouvelles recrues. On lui apprend à utiliser un logiciel étonnamment simple, ou l’on dessine des nuages sur des cartes de manière aléatoire. On lui montre également comment actionner la “roulette”, un programme informatique développé par la Française des Jeux pour le tirage du Loto, qui est censé définir les températures et les indices d’humidité. Rapidement, l’ancien professeur se questionne. “Tous ces jeux vidéos sont très marrants, mais je suis prêt à faire des calculs et élaborer des modèles mathématiques”, fait-t-il savoir au bout de quelques jours. “Des calculs ? Pourquoi faire ? On n’est pas des scientifiques ici”, lui répondit son voisin de bureau.
Patrick passera six mois à attendre qu’on lui montre réellement les ficelles du métier, jusqu’à ce qu’il se rende à l’évidence. “Météo France est une arnaque. Personne, chez eux, n’est capable de prévoir le temps qu’il fera. On nous demandait simplement de le faire croire à notre entourage.” Pour cela, les météorologues apprennent les fiches Wikipedia de termes scientifiques comme dépression ou anticyclones par cœur, afin qu’ils ne passent pas trop pour des cons auprès de leurs familles et de leurs amis, et que la supercherie ne soit pas dévoilée. “Mais aujourd’hui, je ne peux plus faire semblant”, ajoute Patrick. Ce dernier a donc démissionné le 25 Décembre dernier et souhaite briser la loi du silence sur les prévisions météorologiques. Désormais sous protection policière, pour sa sécurité, il adjoint ses anciens collègues à le suivre dans sa démarche. “Ensemble, on peut faire tomber ce système”, conclut celui qui reçoit pléthores de menaces de morts depuis qu’il a osé prendre la parole.