A force de mettre de l’eau dans leur vin, les gilets jaunes n’arrivent plus à être bourrés
Les festivités de Noel sont terminées. Et, en attendant celles de la Saint-Sylvestre (réveillon du 31 décembre) et du 1er Janvier, c’est l’heure du premier bilan de ce temps des Fêtes. La première constatation que l’on peut en tirer est que, en raison des difficultés économiques des français, l’alcool a souvent été la première dépense qu’ils ont coupé pour leur repas de Noel. En effet, depuis quelques semaines, les groupes Facebook consacrés aux gilets jaunes ont vu fleurir des conseils qui préconisaient de ne pas acheter beaucoup de vin (taxé par l’Etat), mais plutôt de le couper avec de l’eau, “mettre de l’eau dans son vin” selon l’expression, afin de pouvoir en servir à tous ses convives.
Une bonne nouvelle pour la Sécurité Routière, une mauvaise pour l’ambiance lors des repas de Noel.
Du côté de la Sécurité Routière, on se félicite de ce phénomène. En effet, la nuit du 24 au 25 décembre, ainsi que la journée de Noel, ont été très pauvres en contrôle positif d’alcoolémie. A force de boire du vin coupé à l’eau, peu de français affichaient un taux d’alcool au dessus de la limite autorisée pour conduire. Les forces de l’ordre mobilisées pour ces contrôles ont, quand à elles, passé un mauvais réveillon de Noel, car elles sont restées des heures en plein froid à faire souffler des automobilistes dans les éthylotests sans aucuns résultats (aucune verbalisation). Les syndicats de Police et de Gendarmerie ont donc apporté leur soutien au gilets jaunes, qui revendiquent plus de pouvoir d’achat, afin qu’ils aient à nouveau l’argent de consommer de l’alcool.
D’autre part, les premiers perdants de ces repas de Noel avec du vin coupé à l’eau ont été les français eux-mêmes. Ces derniers n’ont en effet pas réussi à profiter du côté enivrant et désinhibant que procurent d’ordinaire l’alcool. Étant incapables de se saouler, leur repas de familles ont été pour beaucoup ennuyeux. Faute de conversations plus intéressantes, ils ont été ainsi contraints d’écouter leur grande tante parler du nouveau livre de Michel Onfray, ou leur père avouer combien le dernier album d’Enrico Macias était merveilleux. Comble du comble, des témoins nous ont même rapporté que, lorsqu’il s’agissait de parler football, certains supporters du Stade Rennais ou de l’AS Saint-Etienne auraient même eu le droit à la parole.
Les vignerons du Beaujolais sont les seuls à ne pas avoir ressenti une perte substantielle de chiffre d’affaires
Vous l’aurez compris, lorsqu’on met de l’eau dans son vin et que l’on sert cette mixture lors d’un repas, cela n’incite pas vraiment les œnologues, confirmés ou amateurs, à partager leur savoir. Pour la première année depuis des siècles, aucun français n’aurait fait tourner le vin dans sa bouche avant de l’avaler, ou n’aurait prétendu ressentir des “arômes fruitées” ou “boisées” dans leur verre. Pire, on n’aurait même pas entendu ne serait-ce qu’un simple “il est bon ton vin, Jackie“…
Les vignerons, comme les cavistes, s’alarment de ce phénomène et appellent le gouvernement à faire un geste, afin que cela ne se reproduise plus. Les producteurs des plus grands vignobles de l’Hexagone estiment avoir perdu entre 20 et 30% de leur chiffre d’affaire en raison du manque de pouvoir d’achat des français. Cependant, les caves coopératives du Beaujolais, elles, s’en félicitent. En effet, quitte à mettre de l’eau dans leur vin, les consommateurs se seraient tournés vers des produits pas chers et de mauvaise qualité. Le Beaujolais et les vins de la Loire ont donc coulé à flot sur les tables de Noel des français, tandis que le Bordeaux, le Bourgogne ou les vins de la Vallée du Rhône ont été boudés.
Le syndicat des vignerons indépendants a envoyé une lettre ouverte au Premier Ministre, Edouard Philippe, et au Président de la République, afin de redonner les moyens financiers aux français de ne plus mettre de l’eau dans leur vin. Une initiative à laquelle se sont joint les producteurs de foie gras, puisque, par manque d’argent, les gilets jaunes auraient également préféré le pâté de campagne, moins onéreux, au foie gras pour Noel. Une réponse du gouvernement est attendue dans les prochains jours, afin de rectifier la situation avant le réveillon de la nouvelle année.