Aveyron : Le village de Saint-Affrique lance sa monnaie locale, le Franc CFA
Alors qu’Emmanuel Macron a récemment annoncé la fin du Franc CFA africain, une petite commune de 8 000 âmes perdue au sud de l’Aveyron vient déjà de le ressusciter. Saint-Affrique profite en effet de ce début d’année pour lancer sa propre monnaie locale, le Franc de la Communauté Financière Aveyronnaise (abrégé en Franc CFA).
En économie comme en écologie, le local, c’est la clé pour être plus résilient
Cette idée originale, c’est celle du conseil municipal du village pour relocaliser son économie. “Depuis quelques années, on perd de l’emploi. Les agriculteurs déménagent à Rodez et à Millau (les deux grandes villes voisines), là où il y a encore des écoles et des services publics. Et ils délocalisent avec eux leur ferme et leur activité” nous a confié le maire. “Avec ce projet, on espère bien inverser la vapeur en poussant les gens à consommer local et, ainsi, relancer la croissance ici pour que notre village devienne à nouveau attractif”.
Mais dans l’Aveyron, le Franc CFA n’est pas seulement une arme économique. C’est aussi un message politique fort. En frappant sa propre monnaie, Saint-Affrique récupère une partie du pouvoir monétaire et s’affranchit ainsi un peu de Bruxelles et de la BCE. Et, à l’approche des prochaines municipales, cela pourrait faire des émules. Ailleurs, d’autres villages, comme Le Cloud (dans la Creuse), pourrait leur emboîter le pas.
Notons également que ce n’est pas la première monnaie locale à avoir cours en Occitanie puisque d’autres existent déjà dans la région : le Soudaqui dans les Pyrénées-Orientales, l’Eusko dans le Pays Basque ou le Pyrène en Ariège.
Son cours sera indexé sur celui du BLÉ, pour assurer sa convertibilité avec le dollar et le Bitcoin.
S’il pourra être utilisé chez tous les commerçants du village, le Franc CFA de Saint-Affrique aura tout de même quelques relents d’exotisme. Plutôt que de le baser sur l’euro, il sera indexé sur le cours du BLÉ… Bien sûr, il ne s’agit pas de la céréale, mais plutôt d’une autre monnaie locale, le Billet Local d’Échange, qui est en circulation au Canada, dans la ville de Québec. “Cela nous permet de pouvoir être convertible en dollars… On sait jamais, si un jour on découvre du pétrole ici, cela pourrait devenir intéressant… Et puis, on sera aussi indexé sur le Bitcoin”.
Mais, à peine sortie, la monnaie locale Aveyronnaise fait déjà l’objet de vives critiques, notamment des écologistes. Si elle sera bien entièrement fabriquée en France, dans l’annexe de la Mairie de Saint-Affrique (qui fera office de Banque Centrale), elle sera frappée sur du cobalt, un métal rare, particulièrement polluant à extraire et – surtout – qui provient de République Démocratique du Congo, à plusieurs milliers de kilomètres de là. De leurs côtés, les instigateurs du projet justifient ce choix par des raisons pratiques : il fallait bien que les pièces se distinguent de celles de l’Euro (composées d’un alliage de zinc et de cuivre), d’où le choix du cobalt pour le Franc CFA.