Un journaliste conspué pour ne pas avoir employé le conditionnel et avoir vérifié ses sources
Quelques semaines après la Ligue du Lol et les révélations d’harcèlement, la profession de journalistes est à nouveau éclaboussée. Un nouveau scandale qui survient en pleine crise de confiance des français envers le journalisme, qui accusent les médias, dans leur ensemble, de propager des fakes news ou de faire le jeu de leurs patrons milliardaires.
Sidney Cattillau publie une enquête sourcée et sérieuse sur ce qu’il a vu (et vécu) en Syrie
Et s’il y a bien un domaine où beaucoup de doutes ont été émis sur le sérieux du travail des journalistes, c’est celui de la guerre en Syrie. En effet, il est parfois reproché aux médias occidentaux de rendre compte de ce conflit, que l’on sait très sanglant, avec une vision manichéenne (le bien, les rebelles et la coalition internationale, contre le mal, Bachar El-Assad et l’Etat Islamique). Et s’il y a quelqu’un qui en a vu assez pour bien comprendre la réalité de cette guerre, c’est bien le reporter Sidney Cattillau, de l’agence Reuters. Celui-ci a effectivement été retenu en otage pendant près de deux mois dans le désert syrien, près d’Alep, et a connu la guerre en Syrie comme aucun autre journaliste français ne l’a connu.
Si les raisons de son enlèvement ont déjà été traitées dans un livre-enquête de la DGSE, le témoignage du conflit vu de l’intérieur, lui, est assez nouveau. Sidney Cattillau vient de publier un ouvrage dans lequel il décrit ce qu’il a vu en Syrie, en s’efforçant de donner la parole à tout le monde (via des interviews rondement menées) et en étant le plus objectif possible. Dans son enquête, le journaliste avance des faits, des discours, des événements précis, et a donc choisi d’écrire son livre au présent, et non au conditionnel, qui marque l’incertitude et qui est considéré comme la norme dans la profession journalistique.
Pour ses confrères journalistes, il a “franchi la ligne rouge”
Toute la profession est en émoi et fustige Sidney Cattillau. “Relater des faits véridiques, et non des hypothèses ou des théories, cela laisse sous-entendre que le journalisme peut être un métier sérieux. Ce qui jette l’opprobre sur tous ceux qui possèdent une carte de presse et qui ne savent pas pourquoi“, déclare la président du journal Le Gorafi. Du côté de l’Agence France-Presque, la critique est toute aussi vive : “Il va aussi finir par nous dire aussi qu’il y a des bonnes personnes chez les gilets jaunes, ou que le roi d’Arabie Saoudite ou que Benyamin Netanyahou ne sont pas mieux que Bachar El-Assad“.
À l’étranger, les medias de nos voisins grolandais trouvent, eux aussi, que Cattillau est allé trop loin. Pour le président du SJMG (le Syndicat des Journaleux et des Merdias Grolandais), “il serait prêt à aller rejoindre Frédéric Taddei sur Russia Today (lui aussi parfois conspué pour la rigueur journalistique et l’objectivité avec lesquelles il mène les débats lors de ses émissions), et faire le jeu de Poutine“.