L’affaire Bygmalion constitue l’un des plus importants scandales politico-financiers de la vie politique française récente. Révélée en 2014, cette affaire concerne le financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 et implique la société de communication Bygmalion, d’où le nom de cette affaire, voici tout ce que vous devez savoir à ce sujet et dans les moindres détails.
Les origines et la découverte du scandale
L’affaire éclate en février 2014 quand Jérôme Lavrilleux, ancien directeur adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, révèle l’existence d’un système de double facturation mis en place pour dissimuler les dépassements du plafond légal des dépenses électorales.
La société Bygmalion, chargée d’organiser les meetings de campagne du candidat UMP (devenu Les Républicains), aurait émis de fausses factures destinées au parti plutôt qu’à la campagne présidentielle.
Le mécanisme de la fraude
Le système frauduleux reposait sur plusieurs éléments, à commencer par une double facturation puisque les prestations réalisées pour la campagne présidentielle étaient facturées au parti UMP et non au compte de campagne de Nicolas Sarkozy, ce qui est totalement illégal, mais permettait de passer le plafond légal de dépenses de campagne.
L’établissement de fausses conventions a aussi été constaté, avec des conventions fictives qui étaient rédigées pour justifier les paiements effectués par l’UMP.
Mais le dépassement qui en fut la conséquence ne fut pas anecdotique, puisque selon les enquêteurs, le coût réel de la campagne aurait atteint environ 42,8 millions d’euros, bien au-delà du plafond légal fixé à 22,5 millions d’euros.
Pour brouiller les pistes, l’argent transitait entre plusieurs entités, notamment Event & Cie, filiale de Bygmalion, rendant plus difficile la traçabilité des fonds.
Les procédures judiciaires
L’affaire a donné lieu à plusieurs informations judiciaires, et tout à commencer par une enquête préliminaire ouverte en avril 2014 par le parquet de Paris pour faux et usage de faux, abus de confiance et tentative d’escroquerie.
S’en est suivi une mise en examen qui a impliquée plusieurs responsables ont été mis en examen, dont Nicolas Sarkozy (pour financement illégal de campagne électorale), les dirigeants de Bygmalion, et des cadres de l’UMP.
Il fallut attendre 2021 pour que le procès commence, un procès qui s’est tenu devant le tribunal correctionnel de Paris où comparaissaient 14 prévenus et qui vu Nicolas Sarkozy être condamné en première instance à un an de prison ferme, peine qu’il a contestée en faisant appel.
Les conséquences politiques de cette affaire ?
Cette affaire a eu des répercussions majeures sur la vie politique française, avec bien évidemment une crise à l’UMP, parti concerné et qui a connu une grave crise financière et de gouvernance à la suite du scandale.
Des réformes du financement politique ont aussi été mises en œuvre suite a cette affaire ainsi que des discussions sur le renforcement des contrôles des dépenses électorales ont été engagées.
Les conséquences ont aussi été fortes pour Nicolas Sarkozy puisque cette affaire a sérieusement entaché la réputation de l’ancien président et compliqué ses ambitions politiques futures, en atteste sa défaite à la primaire des républicains de 2017, qui a vu Fillon devenir le candidat de la droite et du centre.
Et pour terminer, la confiance des citoyens envers les politiciens, déjà très faible, s’est encore dégradée, la méfiance des Français envers leurs responsables politiques se transcrit d’ailleurs par la montée de l’extrême gauche et de l’extrême droite.
Le procès et les condamnations
Bien évidemment, ce procès a vu son lot de condamnation, à commencer par Nicolas Sarkozy, le principal concerné, qui a été condamné à un an de prison ferme pour financement illégal de campagne électorale. En appel, le parquet a requis contre lui une peine d’un an de prison dont six mois avec sursis. Et clou sur le cercueil pour l’ancien président, en octobre 2023, la cour d’appel de Paris a confirmé sa culpabilité tout en réduisant sa peine à un an de prison avec sursis.
Jérôme Lavrilleux a lui été condamné à trois ans de prison dont un an ferme contre trois ans et demi de prison dont deux avec sursis pour Guillaume Lambert.
Les co-fondateurs de Bygmalion, Bastien Millot et Guy Alvès, ont eux été condamnés respectivement à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis et à deux ans de prison avec sursis.