Balkany : “J’aurai dû donner pour Notre-Dame, comme tous les autres évadés fiscaux”
Alors qu’il vient d’être jugé pour fraude et évasion fiscale, un second procès contre Patrick et Isabelle Balkany, le couple qui règne sur la mairie d’Issy-les-Moulineaux depuis 2001, vient d’être ouvert, pour corruption et blanchiment d’argent. Le principal accusé et son avocat, le médiatique Eric Dupond-Moretti, crient à l’acharnement judiciaire.
“On pardonne plus facilement l’évasion fiscale à ceux qui ont donné pour la reconstruction de Notre-Dame”
Dans un entretien téléphonique que nous accordé Patrick Balkany, il nous a communiqué son désarroi, la voix enrouée par les effluves de tabac et par la tentative de suicide de sa femme. Pour lui, ce qu’on lui reprocherait, ce serait pas seulement d’avoir dissimuler une partie de ses revenus dans ses paradis fiscaux et des comptes offshore, mais de ne pas avoir donné un centime pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris.
“Bernard Arnault m’a appelé”, nous a-t-il avoué, “et il m’a dit : t’a déconné Patoche, t’aurais du faire comme nous. Regarde avec François Pinault et Françoise Bettencourt Meyers on a planqué bien plus que toi aux îles Caïmans, mais on a promis un gros chèque pour reconstruire Notre-Dame, ce qui a fait de nous des saints”. Selon Patrick Balkany, le patron du groupe LVMH aurait même rajouté, avec un rire machiavélique : “En plus, c’est qu’une promesse en l’air, ça n’engage en rien. Tu crois vraiment que je vais donner 200 millions pour une église?”.
Pour l’avocat Éric Dupond-Moretti, c’est aussi un procès éminemment politique, qui montre que la justice n’est pas indépendante
Encore une fois (comme il le fait lors de chacun de ses procès), le médiatique avocat s’est empressé de politiser l’affaire et de crier au complot. Pour lui, ce qui est en cause, c’est aussi le fait que les époux Balkany aient acheté une villa au Maroc, un pays avec lequel les relations diplomatiques sont tendues. Pour lui : “On essaye de lui faire payer le fait de préférer passer ses vacances dans un pays ennemi, plutôt qu’à Monaco ou à Riyadh (en Arabie Saoudite)”. Eric Dupond-Moretti n’a pas oublié de terminer son allocution avec sa traditionnelle phrase, qui conclut toutes ses interventions dans la presse : “C’est une nouvelle preuve que le justice en France n’est pas indépendante et que les magistrats sont à la solde du pouvoir”.
La question de ce deuxième procès, qui va occuper la 32e chambre correctionnelle de Paris durant 5 semaines, c’est aussi celle de la présence – ou non – d’Isabelle Balkany. L’épouse serait en effet toujours hospitalisée, suite à sa tentative de suicide (qu’elle a annoncée auparavant sur Facebook). La défense a d’ailleurs rappelé encore une fois que Patrick Balkany avait été très affecté par cette nouvelle et ne serait pas apte à se présenter et à se défendre dignement durant ce procès.