Diagonale du vide : “Relier Montcuq à Anus, c’est vraiment la merde” se plaint un usager de la SNCF
Alors qu’on fête les trois ans du mouvement des gilets jaunes, la France périphérique n’est pas moins “oubliée” qu’en novembre 2018. Et la Covid-19 a beau avoir contré la désertification des campagnes l’espace d’un confinement (ou deux), il y a toujours des zones dénuées d’habitants, de boulot ou de services publics. Cette “diagonale du vide”, même le rail n’arrive plus à la remplir.
“Entre Anus et Montcuq, c’est un peu le trou du cul du monde…”
C’est dans ces termes que Kader (nous avons changé son nom, pour éviter qu’il ait des problèmes) a exprimé ce qu’il constate tous les jours. Cet aiguilleur de la SNCF est bien placé pour le savoir. Depuis 15 ans, il a travaillé dans divers départements, tous placés dans cette “diagonale du vide” : l’Aveyron, la Creuse, le Cantal, le Puy de Dôme, la Corrèze, la Lozère, l’Allier… Et depuis 15 ans, il remarque que les TER sont aussi rares dans ces régions que la joie de vivre à Paris.
Et les trains ne sont pas le seul problème : les cars ne sont pas non plus légions. “De toute façon, vous avez vu l’état de nos routes ?” poursuit Kader, qui nous affirme que ce serait ici que serait née l’expression “nid de poule” (L’Académie Française l’aurait créée après avoir vu l’état de la D1089 entre Tulle et Brive-la-Gaillarde). Quelques tronçons d’autoroutes sont bien présents, mais leur tracé non optimisé et leur entretien laissant à désirer ne les rend pas vraiment rapides : il faut compter près de 6 heures pour relier Montcuq-en-Quercy-Blanc, dans l’Aube, à Anus, hameau de Fouronnes, dans l’Yonne.
“En plus, il n’y a rien à faire. On se fait chier !”
Que ce soit dans le nord de l’Occitanie, en Auvergne ou dans l’est de la Bourgogne, il n’y a pas grand-chose à faire, loin des grands centres urbains. Kader n’a pas le honte de le dire, il s’ennuie. “Je me fais un peu chier ici! La chasse, la coinche et les apéros au Tabac-PMU, ça va bien 5 minutes. À part ça, il y a rien à foutre”.
“Moi, j’aime bien bouger sur Toulouse, mais en ce moment j’ai plus le permis”. Kader s’est en effet fait suspendre le permis pour conduite en état d’ivresse. “Etre piéton ici, c’est le pompon sur la Garonne” s’emporte le fan de chocolatines, de rugby et de la Ville Rose.